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Retour en France

On a failli devoir laisser Jacky dans son carton à l’aéroport Ben Gourion. Après 3 heures de fouille et de questions, nous avons finalement pu embarquer dans notre avion, tandem et remorque compris !
23 heures, atterissage à Roissy, pluie, 5 degrés. Les hôtels sont tous complets. « Après, tout ce que vous venez de vivre, vous devez avoir l’habitude. Bonsoir. » Bienvenue en France ! On n’a plus qu’à camper. Village de Roissy en France, on trouve un gazon bien propre dans un endroit discret. Le lendemain, au réveil, on réalise que l’on a campé dans les jardins de l’hôtel de ville !
Les trois jours de tandem jusqu’à Dieppe nous permettent d’atterir en douceur : croissants, clochers, campagne, hiver…. La France comme on l’aime.
Vendredi 22 février, Neufchatel en Bray, 20 heures, retrouvailles avec parents, frères et sœurs, 6 mois et 2 jours après notre départ de Dieppe qui n’est plus qu’à 35 kilomètres.
Samedi 23 février, Dieppe, 15 heures. Tempête, la mer est déchainée. Accompagnés de quelques amis qui nous accompagnent courageusement depuis 10 kilomètres, on aborde le front de mer, vent de face. Au loin, on distingue la foule des amis qui attend. 200 mètres face à nous. C’est un véritable barrage humain, compact et impressionnant, qui coupe notre route. Le vent souffle. On s’approche doucement. On peut commencer à distinguer certains visages connus. On y est. C’est irréel. Pendant quelques instants, il y a encore une barrière entre tous ces yeux et ces sourires qui nous regardent, nous qui sommes là. Il y a quelques minutes, nous étions encore loin, tellement loin…




Israel

J+185 : Jérusalem, le 15 février

Jérusalem, Terre Sainte, 6 jours forts et bouleversants

C’est à Jérusalem, au bout de ces quelques jours que nous avons compris pourquoi, il y a quelques années, nous avions decidé d’y achever notre route. C’était un choix symbolique et logique au regard de notre foi et de nos engagements chrétiens. 
Ca aura été une richesse et une joie immense d’y finir notre voyage, pour tous ces gens qui, au long des kilomètres, nous ont demandé d’y aller pour eux, d’y apporter leur prière, d’y déposer un message de paix et d’unité. Le 20 aout nous n’étions pas partis pélerins mais c’est la route qui nous en a donné l’habit.
Pendant ces quelques jours en Terre Sainte, Terre où le Christ a vécu, nous avons ressenti quelque chose d’inexplicable, un mélange d’émotion et de ferveur, quelque chose qui « prend les tripes », un sentiment tellement profond que l’on ne peut en ressortir indemne. Bethléem où le Christ est né, Nazareth le village de Marie et de Joseph, le lac de Galilée lieu du ministère public de Jésus, le désert de Judée, et Jérusalem ville de la crucifixion et de la résurrection.
Jerusalem, ville trois fois Sainte, Jerusalem ville crucifiée. La vieille ville découpée entre les quartiers juif, chrétien, musulman et arménien, vit normalement, presque normalement. L’effervescence des rues du souk des quartiers palestiniens ferait presque oublier l’actualité dramatique. Porte de Damas, les vendeurs de fraises, de chaussures, de falafeel se bousculent. La population circule sans crainte au milieu des étales.
Une patrouille de soldats à un coin de rue, une sirène stridente d’ambulance, un check-point (barrage contrôlé par l’armée israélienne), une femme juive accompagnée de gardes du corps armés et vétus de gilets parre-balles nous ramènent sans cesse à ce conflit qui est le quotidien des peuples israéliens et palestiniens.
Le soir, de retour au couvent des bénédictines, sur le Mont des Oliviers, la Sœur Paula qui s’occupent de nous autant que nos deux mères réunies, nous apprend les évènements du jour à Ramallah ou dans la bande de Gaza. Oui, il y a encore eu un attentat, oui les pierres ont été jetées contre le char…. Elle est désespérée par toute cette violence, elle est désespérée de savoir que les chrétiens palestiniens et israeliens souffrent les premiers et quittent le pays.
Comme chaque jour depuis plusieurs mois, ce sont des hommes qui n’ont pas pu sortir de Cisjordanie et de Gaza, qui n’ont pas pu aller travailler pour nourrir leur famille, qui n’ont pas pu aller à l’université. 
Une prof de français en Israel depuis 20 ans nous a tout résumé en quelques mots : « C’est un conflit de débiles ! Sharon est débile et les palestiniens réagissent comme des débiles ! ». Jugement certes un peu facile mais qui, finalement, résume l’absurdité du conflit. Ces deux peuples, sur ce si petit territoire, ont besoin les uns des autres pour vivre. Cette année, les centaines d’hectares d’oranges de Shimon et d’Ariel vont pourrir sur les arbres parce que Yasser et Mohamed qui les ramassent habituellement, ne pourront pas venir travailler.
Il faut prier pour qu’ils se tendent la main, pour que les israeliens qui croient en la paix osent faire le pas sans lequel rien ne sera jamais possible.

Damas, vallée du Jourdain, Mer Morte, Jéricho, Jérusalem. 250 kms chargés en histoire, en symboles et en images. Le 14 février 17h15, on grimpe, on grimpe toujours. On passe Béthanie, le village de Marie. Evidemment il a bien changé. C'est une ville orientale comme les autres. Les moutons sanguinolants pendent, les enfants nous courent derrière, les voitures klaxonnent...
Un check-point, controle d'identité de l'armée israelienne. Ils nous croient tombés du ciel, ils ne comprennent rien mais nous laissent passer. Il doit etre 17h35, un virage, ca monte plus doucement. Brusquement face a nous, au loin, une immense muraille en pierre, le dome doré, deux clochers, c'est la vieille ville de Jérusalem. On s'arrète, on se regarde, on y est. Captandem est heureux, très heureux mais on ne comprend pas, on l'a tellement révé !!

Merci pour tous vos messages le long de la route qui nous ont soutenus et portés dans les moments difficiles. Merci à Rico pour le site. Merci à tous ceux qui y ont toujours cru comme nous. Merci a nos sponsors. On vous donne rendez-vous sur le site, dans quelques jours pour vous raconter Jérusalem et rendez-vous, à Dieppe, le samedi 23 février à 15h00, sur la plage a la Rotonde pour le retour au pays !!


Syrie
J+179 : Damas, le 9 février

On est content de pouvoir vous donner de nos nouvelles. Le réseau internet est ici tout récent...
En Syrie, notre vie ne nous appartient presque plus ! Quels superlatifs utiliser ici après ceux utilisés pour décrire la Turquie ?

Avant nous étions tous les deux 23h30 sur 24. Maintenant on est seulement tous les deux 8 heures sur 24, c'est a dire le temps de la nuit ! du matin au soir sur la route, on est pris dans un tourbillon. On roule, on roule. Les paysages magnifiques défilent : massifs de collines calcaire, champs
d'oliviers, grandes plaines de terres rouges cultivées, steppe aride et désertique, montagnes rocheuses dignes du grand canyon. On en prend plein la vue mais ca ne s'arrète pas la.
On roule, on roule. A "2 heures" (Imaginez, nous sommes au centre de la pendule. Donc à "2 heures", ca veut dire devant et un peu a droite. C'est comme ca qu'on se cause en roulant), un enfant. Il court vers nous et nous crie : "Madame, Madame, kaman ti tapel ?". Un simple grand coucou de notre
part, il saute de joie et court chercher ses copains.

Un peu plus loin à "9 heures" (sur notre gauche, c'est bon vous avez compris !), c'est toute une famille qui est sur le pas de sa porte et qui nous fait signe de venir. On continue parce que si l'on s'arrete, on sait comment cela va se passer. D'abord ce sera un café, puis un thé. Apres on nous servira un festin digne d'un roi mais indigne d'un voyageur à vélo ! (sauf si la route descend). Enfin on nous expliquera qu'il faut rester la pour dormir et que notre étape de ce soir peut bien attendre le lendemain, ou meme 2 ou 3 jours. On ne se lancera pas dans des calculs savants mais vu le nombre d'invitations lancées sur la route, si l'on disait oui a toutes, on ne serait pas rentre en France avant 2003...

On roule, on roule. Un petit creux, la pause s'impose. On se fait discret et l'on s'arrete dans un coin désert (ou de désert). Au bout de 3 minutes, une moto arrive, puis une autre. 10 minutes apres, 5 syriens surgissent de nulle part autour de nous. Anne Cé n'a meme pas eu le temps de supprimer ses
surpressions locales... Dans les villes, le phénomène est le meme mais accentue. Malheur à la chaine qui casse en pleine rue, c'est l'émeute !! A chaque geste, ouverture de sacoche ou de la caisse, 4 paires d'yeux et 8 mains nous accompagnent ! On garde le sourire mais honnetement parfois, on a perdu patience. Vous l'aurez compris, c'est génial !! La Syrie est un pays extra !

On roule, on roule et meme quand on roule, on est accompagne. Nous, en Syrie,s'il vous plait, on a notre escorte. De village en village, vélos, motos(souvent), tracteur et camionnettes (parfois) nous suivent pendant un ou deux kms. Quand ils sont pleins d'attention et de courage, ils vont jusqu'a nous suivrent, 10, 20 voir 30 kms (c'est arrivé !). Le plus sympa sont leurs encouragements, leurs sourires, les klaxons a chaque croisement et à chaque habitation.

Avec nos escortes, nous avons testé le ravitaillement en vol. Sans que l'on ne demande rien, des mains nous tendent bananes, boissons, patisseries syriennes, cacahuètes ou pain au piment (excellent avant une cote !). Fringale impossible !!

Vous l'aurez compris, voyager à vélo, c'est un vrai bonheur. On ne se pose pas trop de questions.
Le soir, on sait que l'on sera accueilli, porte grande ouverte, bras grands ouverts.

"Vous leur direz en France, que nous ne sommes pas un pays de terroristes" Promis, nous leur dirons.

Et voila la fin du voyage approche a grande roue. Nous quittons la Syrie (snif !) dans 2 jours et arriverons à Jérusalem le 14 fevrier. Nous rentrons donc le 23 a Dieppe et serons heureux de tous vous revoir !

Un grand merci a la famille Kassis qui nous a accueillis très chaleureusement à Alep -STOP- Nuit dans le desert c'est vide, c'est beau -STOP- "vous etes francais : ah Chirac, Chirac !!!" Ils l'adorent -STOP- On n'est plus qu'a 300 kms de Jérusalem !!! -STOP- Les enfants nous demandent sans cesse des stylos et de l'argent -STOP- On a fait un aller et retour à Palmyre de Homs en bus : c'est fou, fabuleux et tout simplement sublime -STOP-
 

Che pas bon cha : Les sacs plastiques concurrencent hardiment les boites de conserves rouillées, les brouissailles et les dunettes de sable sur les bords de la route.

Che bon cha : Toujours ou que nous soyons les "Welcome in Syrie" retentissent. Les syriens sont fiers de leur pays et savent en montrer toutes ses qualités. 

Lundi 28 janvier. C'est notre dernier jour en Turquie. On s'imprègne des derniers instants passés dans ce pays qui nous a accueillis un mois et demi. On entre dans Kici un petit village tres animé. Le chant de la priere se mélange aux bruits de la rue. On se stoppe. Un gros coup de blues nous envahit.
On ressent tous les deux la meme chose au meme moment : tristesse de quitter la Turquie qui nous a tant donne tant appris. Tout ce temps nous a permis de comprendre les choses, de sentir les gens. On s'y est senti chez nous. C'est sur, on y reviendra.


Turquie

J+161 : Mersin, le 23 janvier

Me revoila, moi la star, votre Jacky à tous !
Il a vraiment fallu que je leur en fasse voir de belles pour qu'ils me cèdent de nouveau la parole. Je vous parlerai de ces petites péripéties un peu plus loin si j'ai le temps.

Depuis 10 jours, on a retrouvé le soleil et des températures correctes pour mes rayons (15 degrés). Nous longeons la cote sud de la Turquie, et quelle cote ! Et quelles cotes ! J'ai un peu le dérailleur qui me tiralle dans les coins en fin de journée. Et mes cavaliers ont les genoux tout démentibulés. On n'est pas arrivé !... Enfin, revenons-en à notre coté et à ses cotés. Qui a dit que la mer était plate ? Je divague, je divague... Ici le relief est hard. J'entends souvent quelques injures au-dessus de moi du genre : "Ce sont des malades, ces turcs, ils ont oublié de faire des virages !" Très souvent le pourcentage de pente est tel que j'ai l'impression que mon porte-bagage avant va décoller. Ils n'ont pas compris que c'était pour économiser des kms de bitume. Pourtant, je croyais qu'il y avait un expert-comptable dans l'équipe. C'est une économie qui n'empèche pas les routes de pourrir : nids de poule comme ils disent, mes cavaliers ! Et hop un petit coup à gauche et hop un petit coup à droite. Et ca passe bien. Parfois ce sont des pans entiers de routes qui sont partis dans le ravin. J'en ai les pneus qui tremblent encore...
Coté positif : ce qui est bien, c'est que nous allons tellement lentement que j'ai le temps d'apprécier les paysages magnifiques. Ici, la mer est immense et l'horizon très loin, tellement loin, qu'on est surement à un endroit ou la terre est plate. 


Pti dèj turc

Par contre, il y a un peu trop de bunkers à touristes qui polluent le paysage. Et mes cavaliers, comme tous les étrangers, sont traités comme des touristes. Ca ne leur plait pas du tout. Ca donne, par exemple, la bouteille d'alcool à bruler à 5 000 000 de lires au lieu d'1 000 000. Moi, je m'en fiche, on m'admire toujours. En Turquie, comme ailleurs, je suis une star !

Pour en finir avec l'alcool à bruler, ils ont demandé à un turc que j'avais amadoué, de l'acheter à leur place et ils l'ont eu au tarif normal.

J'allais oublié de vous conter mes petits soucis de santé. L'autre Bob va encore dire que je n'arrète pas de me plaindre. Tout ca c'est de sa faute, il m'a tellement énervé que j'en ai fondu une jante. Et une jante comme la mienne, ca ne se trouve pas à tous les coins de rues par ici. 48 trous elle a ! Ca vous en bouche un coin non ? Ca ne court tellement pas les rues qu'ils en ont pris une de 36 trous et qu'ils l'ont repercée. Quand je dis "ils", ce sont nos amis turcs, ca ne risque pas d'etre Georges et Anna (leurs surnoms turcs) toujours aussi bricoleurs. C'était plutot folklo, d'abord il n'y avait plus 
d'électricité chez le mécano. Après il n'y avait plus de perceuse, heureusement le menuisier avait la sienne. Bref on est reparti après 4 heures de bricolage, avec une grossière mais solide jante turque autour de mon joli moyeu. On me prendrais presque pour une mobylette.

Le lendemain, c'est le moyeu qui a pris le relai. Une sombre histoire de dents cassées, de roue libre usée. Plus rien, j'avais les manivelles qui tournaient dans le vide. Vous auriez vu leurs tètes ! 10 kms à pied, ca use !... Après vous auriez vu la mienne de tete, quand un turc aux mains sales a commencé à me triffouiller l'intérieur. Il m'a rafistolé la transmission avec un morceau de bidon d'huile. Il suffit parfois de peu de choses. Mais soyons réaliste, tout cela est provisoire... meme si Jérusalem n'est plus qu'à 1100 kms, il faudra songer à me changer la roue arrière.

Nos prévisions : dans 6 jours l'entrée en Syrie, vers le 10 février la Jordanie et le 14 février, si tout va bien, Jérusalem ! Nous serons donc probablement de retour à Dieppe le samedi 23 février. A confirmer !

Stop :
Entendu 10 fois par jour sur la route : "What's your name ? Where do you come ?" Et à peu près 1000 fois par jour : "Hello ! Hello !" -STOP- Nombreuses interventions de turcs patriotes pour que nous inversions l'ordre des drapeauxsur notre mat : "La Turquie en haut, la France en bas !" -STOP- Trouvé au bord de la route, un homme allongé, inconscient mais pas mort. Si on ne l'avait pas vu, il y serait encore -STOP- Nouvelle découverte en Turquie, l'eau en Poudre !  Ca pèse moins lourd et c'est beaucoup moins encombrant. -STOP- Pas de message de nous en Syrie, pas de réseau internet -STOP-

Chai bon cha : les muz, super bonnes petites bananes qui poussent dans le sud de la turquie. On en a trouvé tout le long de la route. Sucrées et savoureuses, on s'en régale...

Chai pas bon cha : la Turquie est une grande démocratie certes. Mais on le sait, certaines minorités souffrent : les kurdes, les catholiques... Nous en avons rencontrés, ils sont restés très discrets sur leurs difficultes malgré leur amertume.


Bonané






J+151 : Antalya, le 13 janvier

Quelques nuits extraordinaires ou comment les turcs nous bichonnent :

Comme souvent avant la nuit, il y a d'abord le jour. Nos journées sont rythmées de milles attentions, petits mots, propositions et invitations. Ou que l'on aille, quoi que l'on fasse, le çay (the turc) est là. A coup sur, Atattürk a bati la Turquie d'aujourd'hui autour d'un çay. Une ville, une rue, une lumière, un çay. Vous demandez votre route dans une station service, vous achetez un casque de vélo, vous vous stoppez au milieu de la rue pour consulter la carte, on vous offre un çay. Le çay, c'est facile, un seul regard suffit (le seul problème, c'est qu'après etre reparti, on doit s'arréter souvent pour arroser les plates-bandes !). Avec un çay, la conversation s'engage et la, les conseils sont des ordres. "Vous vous arrétez tout de suite, il fait trop froid, il y a de la neige et du verglas." On sourit poliment mais au fond de nous ça bout (ça fait fondre la glace !). "Vous ètes fous, c'est très dangereux, vous allez mourir !". On se regarde, on tente de leur expliquer que ça fait 5 mois que nous sommes sur les routes et on finit par s'en aller. Parfois, ils font une ultime tentative en nous proposant une remorque vide de camion. Evidemment en vain...

Nous disions donc que le jour se terminait toujours par la tombée de la nuit.

2 janvier : On est motivé, ce soir, on a decidé de dormir sous la tente. Le temps est clair, il ne devrait ni avoir de neige ni trop de vent cette nuit. On demande donc dans le café du village dans lequel nous arrivons ou nous pouvons camper. Apres un çay, un homme nous indique un endroit près de l'école. Mais aussitot, 3 autres hommes nous sautent dessus pour nous empècher de planter. Pas parce que c'est interdit, mais parce qu'il fait trop froid... Un jeune veut nous inviter chez lui mais ayant deja tout déplier, nous refusons (c'est bien la 1ère fois). Alors ils restent, nous aident à monter le bivouac et ponctuent la découverte de notre matériel (réchaud à alcool, loupiotte, couverture polaire...) par des "Anna (Anne Cé) commando, Georg (Jean) commando". On a super bien dormi !!

3 janvier : Nous arrivons dans une petite ville : Umurlu. Le directeur de l'école, une écolière, le frère du gérant de l'épicerie, l'employé du pharmacien, tous veulent nous héberger. Çay. Le pire, c'est le pharmacien : une terreur !! Grassouille, lunette a verres fumes, il se mèle de tout. "Vous ne 
devez pas laisser votre vélo sans surveillance. Mais qu'est ce que vous faites la, il fait très froid." C'est un torrent de paroles. Ils sont 3 ou 4 à discuter en mème temps, sans s'écouter. Nous, on a l'étrange sensation d'etre exterieur à la scène, d'assister à une piece de théatre dont on est en fait l'acteur principal. Plutot qu'acteur, nous sommes des pions et l'on attend d'etre placé sur la bonne case. Nous finirons finalement dans un appartement vide appartenant à la famille de l'épicier.

5 janvier : Sarakoy, on traine dans la rue, il est 17h00. Mehmet nous aborde : "Fransiz, Fransiz, venez chez moi, je vous invite". Chez moi, c'est chez ses parents, un peu froid, pas très heureux de nous voir débarquer. Çay. Petit a petit, l'atmosphère se détend. Leur fille est marié à Jacky (pas le notre), le marseillais. Elle vit donc en France depuis 20 ans. Ça crée des liens. On dort dans l'unique pièce de la maison separés de nos hotes par un simple rideau.

6 janvier : Ils sont français, bourguignons, voyagent en camping-car. Vous ne les connaissez pas ? Vous manquez quelque chose. Denis (70 ans) et Jeannette (66 ans) parcourent la Grèce et la Turquie depuis 4 mois et ont une pèche d'enfer, un accent bien de chez nous, et de la choucroute, de la moutarde plein les coffres. Pas de çay : cool ! On se raconte notre vie autour d'une liqueur de cassis faite maison, au chaud dans leur camping-car. Le temps passe très vite et on finit par dormir "chez" eux. Le lendemain, apres un bon petit dèj français, on repartira contents d'avoir constaté que l'accueil français pouvait etre aussi chaleureux que le turc. 

7 janvier : Denizli, 350 000 habitants, la Denizli pansyon est fermée. Le patron nous ouvre quand meme très gentiment la porte d'une de leur chambre. Çay. Pas de chauffage, pas d'eau chaude, dehors il gèle, pas de problème. A 22h30, il vient dans notre chambre "massage, massage !"... Jean accepte, hésite à s'allonger sur le lit. Anne Cé suivra quelques minutes plus tard. Bonne intention ou besoin de tater de la belle occidentale ? On ne le saura jamais.

8 janvier : Serinhisar, 8 000 habitants, on se réfugie au commissariat de police. Çay. Le commissaire nous trouve une chambre chez le patron local de la poste. Vive l'administration turque !

9 janvier : Küçükalan, çay, 500 habitants, çay. -10 degres, on investit le café. Çay. Jeu de cartes. Çay. Toilette. Çay. Le cafe, on y reste, on y dine, on y dort autour du poele après avoir attendu que tous les çaymen aillent se coucher...

Les stop :
Température la plus froide depuis le départ : moins 10 degrès à 17h00 -STOP- premières avances pour Anne-Cé, l'employé d'une station service l'embrasse et l'invite pour la nuit -STOP- Les meilleurs offices de tourisme en Turquie : gendarmeries et commissariats, accueil chaleureux, çay et efficacite garantie -STOP- Premier vol : 1 moufle, 1 casque, le compteur, tout en meme temps -STOP- Le 7 janvier : bain en plein air a Pamukkale, sources d'eau chaude a 50 degrés. Air à 2 degrés -STOP- 

Chai bon cha : la conduite sur la neige et le verglas. On y arrive ! Au debut, on était hésitant, on a fini par se lancer tout en douceur. Si on ne fait pas de gestes brusques et si on est en parfaite symbiose, on ne tombe meme pas. Résultat, en 3 jours, on a pu passer 3 cols à 1200 m, 1400 m et 1800 m. OUF, on se sent mieux après.

Chai pas bon cha : l'invitation à la Bulgare. C'est l'histoire d'un homme bulgare à la mine patibulaire et au restaurant sale, triste, froid et noir. Il nous invite avec un grand sourire sans dents "vous etes mes amis..." On y va. On déjeune de 6 boulettes de viande faisandée et d'un vieux reste de salade. A la sortie notre ami nous fait payer le prix d'un festin. On est tellement estomaqué qu'on paie et que l'on s'en va sans mot dire.

J+135 : Samedi 29 decembre, Izmir

Captandem à la neige

Le 18 décembre à Yalova, il pleut. A 18 kms, nous avons un col à 300 mètres d'altitude. Ca parait simple, non ? Nous prenons la route. Mais petit à petit, la pluie se change en neige. On continue. La police barre la route pour obliger les véhicules à chainer. On continue. En prenant les traces des voitures, ca passe bien malgré la petite couche de neige. La couche s'épaissit mais on passe sans doute grace au vent dans le dos et peut-etre parce qu'on a remonté nos pneus à l'envers à Istanbul... Il ne faut pas faire de gestes brusques, ni avec le guidon, ni avec les pédales, sinon c'est la sortie de route. Plusieurs fois, on doit s'arréter parce que camions ou autocars klaxonnent à fond et ne veulent pas nous laisser notre trace. A chaque fois, c'est la galère pour repartir, on dérape, on manque de tomber, mais on y arrive ! On s'arrète à une station service, trop de vent et de neige, on commence à geler et on a l'impression d'ètre au sommet. Et si montée possible, descente impossible ! On espère trouver un camion qui nous charge. Tu parles Charles ! Un policier dit qu'il va nous aider, il ne trouve pas. Un autre demande 50 millions, en lire turques (ouf), pour 10 kms... Finalement, c'est un couple francais de Bursa qui nous sortira du piège, 12 heures plus tard ! Merci encore Marie-Christine et Philippe !

Captandem chez les turcs ou une petite fin de journée comme on en a connue depuis Istanbul

16h30 : La nuit tombe. Il faut s'arréter. On repère un village grace à son minaret et à sa citerne d'eau qui pointent leur nez au loin. 

17h00 : On investit le café : büyük cay, poele à bois, on sèche et on se réchauffe. Petit a petit les hommes rentrent. "Fransa, bicyclette, Koudüs (Jérusalem en turc), alti ay (ca ca veut dire 6 mois)..."

18h00 : Le patron du bar nous offre le cay et 1 des hommes nous invite chez lui. On le suit avec notre chargement dans les petites ruelles boueuses et défoncées.

18h10 : On enlève nos chaussures sur le pas de la porte. Toute la famille est réunie dans la pièce principale, la seule chauffée par un grand poele a bois. Pas de meubles, à part ce poele, un divan et des tapis. On est accueilli à bras ouverts avec de grands sourires.

18h30 : On en est au quatrieme cay. "yemek, yemek ?" (miam miam ?). On vous fait grace de notre réponse, vous nous connaissez : pas gros les Bazin mais "morfales". Le rituel est immuable : 1 nappe posee sur le tapis, un arceau en bois suréleve le grand plateau rond en étain. Et sur ce plateau, des assiettes : olives, purée de tomates, piments, fromage blanc, fromage, pommes de terre. Des grandes tranches de pain grillent sur le poele. Assis en tailleur, chacun fait trempette. Petit détail d'importance, la table c'est la nappe et non pas le plateau. Donc on met ses pieds sous la nappe (n'est-ce pas Jean ?).

19h30 : Les hommes vont au café. Les femmes et les enfants restent a la maison. Et chacun de son coté, on REboit du cay, on discute, comme on peut, des gestes, quelques mots en turc, quelques mots en anglais, un papier, un crayon, des dessins et beaucoup d'éclats de rire. On se sent comme chez des amis. Ils ont cette grande qualité de savoir accueillir l'étranger comme son meilleur ami.

21h00 : On se retrouve et avant d'aller se coucher, on échange nos adresses, ils sortent leurs albums de photos et nous leur montrons nos deux petites photos (bopa, anna et les cardechs).

21h30 : On monte à l'étage se coucher. La pièce n'est pas chauffée mais nous dormons sur une paillasse à meme le sol sous deux grosses couvertures. La chaleur du poele monte, bonne nuit !

Nous avons vécu cette expérience formidable dans des familles de tous milieux : fermiers, prof de lycee, vieille veuve, berger et ses 6 enfants... Il y a eu des nuances mais la chaleur de l'accueil est toujours la meme.

Captandem et le Père Noel

Ce soir nous sommes à Kinik pour passer la Noel. C'est une petite ville extraordinaire. Il y a une vraie vie. Les routes sont pavées ou en terre, les terrasses des cafés sont pleines. Il fait doux : 17 degrés. Un homme nous conduit jusqu'à un petit hotel ou l'on est super bien accueilli. Une horde 
d'enfants et d'hommes s'attroupent autour de notre Jacky. On décharge. Jean ressort faire quelques courses. Douche chaude. On prépare le repas de Noel : foie gras, toast grillés sur le radiateur électrique, riz, cuisses de canard (merci à Agnès et Patrick d'Istanbul, on s'est régalé) et fromage blanc à la confiture. Les parents téléphonent et on envoie des messages écrits de notre portable aux potes de France. Réponses jusqu'a 1h du matin. Pas de messe de minuit, bien évidemment, dans ce pays musulman. On fait notre temps de prière comme chaque jour, avec quelques chants de Noel en plus !

Captandem et les gendarmes

Yenýsakra, le 25 decembre. On trouve un coin pour camper dans le village. C'est une résidence de touristes turcs. Très vite le gardien rapplique, très sympa. On monte la tente et on prépare le diner tout en discutant avec lui. Il nous dit "Problem, jandarma." Quelques minutes plus tard une estafette de gendarmes arrive. Ils font leur ronde quotidienne. Ils sont 6 autour de notre bivouac, mitraillette à la main. Intrigués, ils nous fusillent de questions. "Vous faites quoi ici ? vous restez combien de temps ? Passeports ? Pas d'argent ? - Si, si- Alors pourquoi pas hotel ?...." Le chef parle un poil d'anglais. On leur montre nos articles de presse sur le voyage. L'ambiance se détend un peu. Le chef nous tend la main. "My name is Djemal". Ca c'est bon signe. Ils ne veulent pas nous laisser ici. "Il fait très froid." - "Bien sur !." Ils nous proposent de les suivre pour dormir à la gendarmerie, à "six hundred meters", ce qui signifie en anglo-turc, on l'apprendra un peu plus tard, six kilomètres ! On replit le bivouac, les gendarmes en mitraillette plient la tente pendant que nous chargeons le tandem. Nous voila repartis, sous escorte, précédant le fourgon, girophares allumés. Nous sommes recus comme des rois chez les gendarmes apres six kilomètres dans la nuit, chambre, douche et ... cay. On 
a du ètre convaincant ! Joyeux Noel !

les Stops :
En Turquie, dans les villages comme dans les villes, on ne trouve pas une femme dans les cafés. Depuis le 6 décembre, on peut en trouver une, c'est Anne-Cé -STOP- Pour la 1ère fois depuis le 20 aout, attroupement très important au moment du chargement et du départ, c'était à Kinik le 25 décembre. ils etaient une trentaine d'hommes autour de nous -STOP- Rencontre à Savastepe d'une turque ayant vécu en France : "Ici, c'est plus dur de vivre l'islam. En France, on pouvait porter le foulard à l'école sans problème. Ici c'est interdit." -STOP- Pas campé depuis le 4 decembre -STOP-

Che bon cha :
Le Logos, vent du Sud assez puissant. Particularité de l'Ouest de la Turquie, il fait grimper les températures jusqu'à 20 degrés, meme l'hiver, et apporte aussi la pluie. Il nous a permis de pédaler en short le 24 décembre.

Che pas bon cha :
Les klaxons. Dans une journée, un cammionneur turc klaxonne encore plus qu'il ne parle : pour dire bonjour, pour dire j'arrive, pour dire attention, pour dire dégage ou pour ne rien dire du tout. Ils nous saoulent, c'est toujours pile poil à notre hauteur et ca nous sort de nos rèveries.
 

J+122 : Istanbul le 16 Décembre
Le 15 décembre, 18h30, notre téléphone sonne.

- Allo !
- (Désolés pour vous, on n’a pas de haut-parleur sur notre téléphone...)
- Ah allo Rico !
- (...vous n’entendrez pas la voix de notre web-master Rico)
- On est arrivé à Istanbul, enfin ! On s’est pas eu depuis Thessalonique et en 2 semaines, on s’en est pris plein la vue !
- ...
- On a commencé par rencontrer 2 pélerins français en vadrouille comme nous vers Jérusalem. Mais bon eux, ils sont à pied et ont fait voeu de pauvreté. Ils mendient leur logement et aussi leur nourriture. C’est fou, ils ont une pêche d’enfer . Leur foi est débordante.
- ...
- Non on a juste pris un café avec eux pendant 3 heures. On a discuté et on a du filer parce qu’on avait rendez-vous le lendemain matin à 70 kms de là, à Kavala, pour la messe de 10h00. Là-bas, on a fait la connaissance de Jeannette, ancienne prof de français, Antoine, le sacristain, et le Père Louvaris. Pour eux, c’est difficile de vivre leur foi de catholique dans un pays à 98% orthodoxe. Plutôt fermés ces orthodoxes, ils ne les acceptent toujours pas.
- ...
- Nous aussi çà caille. Cà a commencé par geler la nuit. T’imagines le spectacle au petit matin : double-toit de la tente recouvert de givre, huile d’olive gelée. On a même du sortir le système de préchauffage du réchaud à alcool pour qu’il puisse s’allumer.
- ...
- Elle est tombée le lendemain du passage de la frontière turque. On a eu une journée plutôt hard. Le vent du Nord soufflait avec des rafales à 50 kms/heure. On l’avait de côté et le tandem était très difficile à contrôler. Avec l’appel d’air des camions, on s’est retrouvé 3 fois dans le fossé.

 VentGlacial.mpg
La vidéo le prouve !

- ...
- Non rien de cassé. On s’est bien marré. Et valait mieux avoir le moral car tout s’est terminé par une grosse tempête de neige. On a du batailler à pied pendant 5 kms pour atteindre Malkara.
- ...
- Tu rigoles, c’était impossible, même les voitures étaient bloquées. Il a neigé pendant 48 heures. Mais bon pour les turcs, c’est « no problem » même s’ils ne connaissent pas toujours le chauffage et même si les routes sont impraticables. Pour eux, çà pouvait durer 10 jours, alors on a préféré s’échapper en bus pour la ville de Tékirda à 50 kms, à la limite du front neigeux.

 VilleRecouvertNeige.mpg
Dur de pédaler dans ces conditions!

- ...
- L’avantage du « no problem », c’est que çà marche pour tout. On a démonté les roues et on a enfourné Jacky et Bob dans la soute.
- ...
- C’est vrai qu’ils sont super sympas et très accueillants. C’est vraiment un autre monde. A tous les coins de rue, on se fait offrir un thé (chaï). On se fait aborder régulièrement et spontanément par des turcs qui veulent savoir si on a besoin d’aide. C’est pas du tout du racollage. Ce qui surprend le plus, c’est qu’il n’y a pas de regards indifférents : ils sont francs.
- ...
- Cà fait déjà 3 jours qu’on est arrivé. On est très content de s’y arrêter un peu. Finalement depuis un mois on a fait que 3 jours de pause. Et le froid de ces dernières semaines nous a un peu usé. Tiens en fait, en entrant à Istanbul on a fait une nouvelle rencontre. Un allemand de 38 ans Joachim fait un tour de la Méditerranée à pied : 4 ans et 20 000 kms. Comme Maël et Léonard il a fait vœu de pauvreté.
- ...
- Lundi matin en bateau pour Yalova. On aura bien profité de notre escale à Istanbul grâce à Agnès et Patrick René qui nous loge. On s’est un peu baladé entre la Corne d’Or et le Bosphore. C’est une ville magique. En plus c’était Ramadan. La scène du Grand Bazar à 17h où les garçons courent dans tous les sens avec des plateaux d’assiettes de soupe aux pois chiches et où les tables se dressent en un éclair au milieu des échoppes, c’est fou ! Et en France, comment çà va ?
- ...
- On a vu, on continue à se tenir au courant. On verra bien comment çà va évoluer.
- ...
- Ok salut ! On te boujoute bien fort. On t’envoie les photos demain avec le texte. Merci encore pour ton boulot, c’est super ! Et on continue à s’envoyer des SMS sur le portable régulièrement.

  nouvelle rubrique :

C’EST PAS BON CA : la conduite à la turc. On nous avait prévenu, on a été servi. L’entrée dans Istanbul est très encombrée, voir plus. On a cru mourir 50 fois ! C’est comme sur le périph à Paris.

CHA CHE BON CHA : le sahlep, lait chaud sucré vanillé, un peu épais et saupoudré de cannelle. Nous l’avons goûté un soir dans les rues d’Istanbul. Soir de Ramadan, soir de fête...

 PtiDejGrec.mpg
Cha auchi ché très bon !

La Grèce souffre de la guerre de l’eau et de la sécheresse, résultat : beaucoup de rivières et de fleuves totalement asséchés -STOP- Première nuit sous la tente en dessous de 0 degré juste avant Alexandroupolis -STOP- La Turquie commence avant la Turquie, le Nord-Est de la Grèce est peuplé de 120 000 turcs grecs. Les minarets remplacent déjà les clochers -STOP- Drôle d’odeur dans les villes turques, c’est le chauffage au charbon ! -STOP- Voiture française la plus rencontrée en Turquie : la R12. Avis aux nostalgiques, on n’a pas encore croisé le modèle bleu ciel.


Grèce

J+106 : Thessalonique, le 29 novembre

"Ca y est, j'ai enfin le droit à la parole ! Je suis le Tandem tout simplement et lorsque mes deux cavaliers (Jeannot et Anne Cé) sont de bonne humeur, ils me baptisent Jacky (quelle imagination !).

Que les choses soient bien claires, sans moi ils ne sont rien, pas de rencontres, pas de découvertes, pas de Jérusalem, rien !

Depuis hier soir, nous sommes à Thessalonique. Je ne sais ce que Anne Cé a trafiqué à la carte mais on s'est retrouvé tous les trois au milieu des bouchons sur le périph : c'était dantesque ! Je n'avais jamais encore connu ca. Et en plus Bob qui n'arrète pas de me suivre (le truc a une roue qu'ils m'ont accroché derrière) a trouvé le moyen de passer sur un clou que "moa" j'avais évité. Pschitt !!! Dégonflé va !


Embouteillages à Thessalonique

Mais bon, ce n'est pas la première fois qu'ils m'en font voir de si belles. Depuis dix jours, je me gèle les rayons : pluie, vent, neige, froid... Ils sont vraiment naifs pour s'imaginer en plein mois de novembre que la Grèce, c'est partout le sable, les palmiers et 30 degrés.

A la fin de la journée de dur labeur dans ce froid, vers 17h00, nous nous arrétons dans un petit village. Eux se réfugient dans la seule taverne entre le poèle à bois et le café, enlèvent leurs polaires, gants, bonnets pendant que moi toujours chargé avec Bob qui me soule avec ses histoires de remorque, je continue à me geler les rayons. Ils discutent, ils discutent, en grec, en allemand. Les p'tits vieux les prennent pour des jeunes de 18 ans et en plus, ils se font offrir le café quand ce n'est pas plus.

Ils ont vraiment le sens de l'accueil ces grecs. Sur la route ils ne manquent jamais de me saluer. Anne cé et Jean leur répondent... mais n'importe quoi, c'est moi qu'ils saluent !

Souvent dans les discussions avec les grecs, ils expliquent que nous allons à Jérusalem. Et une fois sur deux, ces grecs ne nous croient pas. Ils pensent peut-ètre que nous faisons un petit parcours sportif dans leur pays ! N'importe quoi ! Ce qui m'énerve le plus, c'est qu'ils ne croient pas que je suis capable de les emmener en Terre Sainte. Par contre, à Domokos, la semaine dernière, un 
jeune couple Adriana et Georgios nous a crus. Ils m'ont offert un vrai hangar, à l'abri, pour passer la nuit, et à eux, une douche chaude, un bon diner avec Sotiria (la prof de francais du village), leur lit et mème leurs pyjamas ! Nous garderons de vrais amis !

Il faut aussi que je vous parle de nos rencontres avec les enfants. D'abord ces jeunes de 10-12 ans qui, un peu effarouchés ne comprenaient pas que nous ne parlons pas leur langue. Ils s'affairaient autour de moi en me détaillant avec leurs grands yeux brillants : c'était à la fois amusant et touchant. Puis ces adolescents qui rigolaient en se moquant, à chaque mot prononcé par Jean ou Anne Cé. Ils ont fini par partir en lancant les seules injures qu'ils connaissaient en anglais (je vous laisse imaginer !). Et enfin, apres une nuit dans un lycée (dans la salle des professeurs), mes 
cavaliers ont été interviewés par 5 jeunes filles de l'établissement. Elles voulaient tout savoir et finirent leurs questions en disant : "Quand nous aurons 18 ans, nous aussi on voyagera en vélo !". J'ai eu le droit ensuite à la photo avec la directrice.


Interviewés par des élèves grecques !

Par contre, l'autre jour, ca n'a pas rigolé. Ils avaient choisi un chemin, un raccourci sur la carte... mais entre temps, il avait neigé et gelé... Ce n'est pas grave, tétus comme des mules, ils décident de l'emprunter malgré tout. Et ca n'a pas manqué, on s'est perdu. On s'est retrouvé au pied d'une rivière, dans la boue et sans chemin. Et v'la ti pa qu'ils ont voulu me faire traverser la rivière. Heureusement pour mes rayons, leurs petits pieds ont trouvé l'eau trop froide et par miracle, on a découvert un pont un peu plus loin. Résultat des courses : 17 kms dans la journée, j'étais dans un état lamentable, et Bob, n'en parlons pas ! Le meilleur dans l'affaire, c'est que le soir, ils étaient 
tellement crevés que Jean ne m'a pas gonflé avec son harmonica.

Le clou de la semaine, ce fut la montée du dernier col grec, à plus de 1000 mètres. Ils m'ont abondamment arrosé de leurs gouttes aux nez et de leur sueur. Dans la descente, comme toujours depuis la Croatie, c'est la Grande va Trouille. Ils sont tellement prudents que bientot nous irons plus vite dans les montées.

 DernierColGrece.mpg
Vidéo en grèce !!

Ne vous inquiétez pas pour eux, je roule droit : je suis la ligne blanche ! Ils vont bien avec leurs tétes de normands rougis par le froid et le soleil. Eux s'occupe aussi bien de moi. J'ai le droit à ma petite gonflette quotidienne et à ma toilette hebdomadaire ! Je vous laisse, demain on prend la route d'Istanbul."

Deux cols à plus de mille mètres dans la semaine. Le premier sous la pluie et le vent, le second sous le soleil et dans le froid -STOP- La recette des patatas : pommes de terre, 1 oignon et 1 boite de giant beans a l'aneth. Goutu ! -STOP- Sur la route on chante, ca réchauffe : le Gratte poil des Tétes Raides, notre répertoire de chants scouts, Mellissa de Julien Clerc...  -STOP- Message personnel pour Sotiria : on a essayé de te téléphoner à Thessalonique mais ton numéro ne répond pas -STOP- Tous les grecs connaissent 4 mots francais :"Comme ci, comme ca" -STOP- Quand on nous crie : "tourist, tourist !!" on répond "Ouchi, ouchi, prochkilima" (" non, non, pèlerinage") -STOP-

J+90 : Lamia, le 19 novembre

 10 jours en quelques flashes

 Dimanche 4 novembre, Olympie, 0 km, escale :
 Nous passons notre matinée sur internet. Régime habituel : 1 heure et demi pour répondre à tous vos messages, 1 heure pour envoyer les photos et 1 heure pour taper notre texte. Moment important que nous ne négligeons jamais. En sortant du cybercafé, nous tombons nez a nez avec 2 vélos et 2 remorques pour enfant. Jean Pierre et Yolaine sont des vieux routards du voyage à vélo (Paris - Istanbul et un an autour du monde). Cette fois-ci, ils sont partis de France pour la Crète avec leurs 2 enfants, Hélias 4ans et Anna 1 an et demi. On est heureux d'échanger et de partager nos expériences autour d'une souvlaki pita.


D'autres cyclistes venus de France

Mercredi 7 novembre, Steno, 55 kms :
Sous la grisaille, on fuit Tripoli, ville de fond de vallée, triste et sombre. 10 kms plus loin, nous nous arrétons à Steno. On cogne à une porte de ferme. "C'est possible de planter notre tente ici pour la nuit ? (tout cela en grec bien évidemment...)"  "Non, ici ce n'est pas à nous" Mais bien sur... La porte se referme. Nous nous installons donc un peu plus loin, dans un endroit calme et discret. Ce soir, pour changer : feu de camp, ca éclaire, dans tous les sens du terme. Ce soir, pour ne pas changer : pates, harmonica et journal de bord.

 DescenteSurLaPlage.mpg
Pause sur la plage en Grèce

Samedi 10 novembre, Nauplie, 0 km, escale :
Avant hier, retrouvailles avec Rico, notre cousin webmaster préféré. Au programme : repos, entretien du tandem, coup de foudre avec un chien, patata, kalamata, séance photos, visite des ruines (des lions de Mycène au théatre d'Epi d'Or.... elle est belle à croquer). Nous croisons un jeune hollandais parti depuis plusieurs mois sur son petit vélo pliable : fou, on n'est pas les plus ouf!!!

 RéparationANauplie.mpg
Vérification complète du tandem sur une place de Nauplie

Mardi 13 novembre, Old Monastery Faneroumenis (à vos souhaits), 56,9546 kms : 17h00, il est temps de s'arréter. Mais on continue vers un camping noté sur notre carte. La nuit tombe, la route monte... 17h30, il fait nuit, la route monte toujours... 18h00, toujours rien et ca monte vraiment dur. Bruits de cloches de chèvres, des chiens aboient. Ca se gate. La route se transforme en piste, le chien nous course. On accélère, on le sème (miracle) et l'on tombe sur un ancien monastère abandonné miracle). Bivouac a l'abri. 19h00, on regarde la carte, "Merde, on est parti à l'opposé de notre route, on verra demain, il fera jour !"

Jeudi 15 novembre, dans les montagnes, 45,5 kms :
Depuis hier, ca grimpe, ca grimpe. On est au Nord de Corinthe, la montagne tombe dans la mer. 15h30, on attaque une route enlacee (c'est beau l'amour). Le village de Villa est a 18 kms. Y'arrivera, y'arrivera pas ? Pente a 15 %. On est obligé de pousser le tandem, aie, aie, aie ! 17h00, on a fait 6 kms... Y'arrivera pas. La nuit tombe, et la chaine casse. On en rigole, pour de vrai. Réparation express et bivouac express. 2 mètres carrés viables cachés dans les buissons à 10 m de la route. C'est un vrai toboggan. Et vive les pates, ca retape !

 BivouacExpress.mpg 

Samedi 17 novembre, Amfiklia, 68,3 kms :
On a retrouvé la plaine et on a changé de climat. C'est le début de l'hiver. 10 degrés, froid sec et ensoleillé. Un couple nous arrète sur la route. Discussion, le courant passe et ils nous invitent à passer la nuit chez eux. Elle, nous apprend à cueillir les olives. Lui, nous offre 3 bouteilles de vin.  16h30, toujours en pleine cueillette (on a rempli 1 seau), la femme nous dit :"Est-ce que vous pourriez plutot revenir chez nous en été. Mon mari ne parle pas anglais, et il y aura nos enfants." On reste souriant, un peu surpris, pas surs d'avoir tout compris, et l'on reprend la route...Adio !


Les météores !

Dimanche 18 novembre, Lamia, 51,5 kms :
Grande descente, au loin la plaine et Lamia. Comme toujours depuis la Croatie, les descentes sont abordées en douceur. Sons de cloches. Un troupeau de chèvres est stoppé au milieu de la route, on poursuit à pied parmi les chèvres mi-effrayées, mi-medusées. On tente le dialogue avec elles, en vain. On tente avec le berger, en vain...

 CaRoulePasDroit.mpg

En Grèce, 3 chiens et 4 chèvres pour un habitant -STOP- Rencontre avec un couple dieppois sur une route perdue : "Mais ils nous poursuivent !!" -STOP- Les églises orthodoxes sont toutes equipées de haut-parleur extérieur, diffusion en direct... -STOP- Attaques de chiens quotidiennes entre 9h30 et 9h45, et entre 14h15 et 14h30, c'est dingue !! On répond avec baton, cailloux et hurlements (Jean) stridents (Anne-Cé) -STOP- Un chien mort tous les kms au bord de la route : promis, c'est pas nous. Mais Madame j'vous jure ! -STOP- Les grecs ne comprennent pas trop notre démarche... Jérusalem, connait pas, Istanbul, encore moins. Et Thessalonique, c'est déjà le bout de monde ! -STOP
 

J+75 : Olympie, le 4 novembre

Dix jours un peu dingues
D'abord, nous quittons la Croatie, pays auquel nous nous étions beaucoup attachés. L'arrivée à Bari nous replonge en Italie où l'on retrouve très vite nos repères, les klaxon, les bravi, et tutti quanti. 
Le 26 octobre, étape à Ostuni, la Cita Bianca, où nous arrivons de nuit. Près de l'église, un vieil homme nous accoste, très inquiet pour nous : le temps est pluvieux. Il nous conseille la communauté des frères de l'Immaculée Conception, fait 1 km à pied avec nous pour nous montrer le chemin et finit par nous gribouiller un plan. Plan gribouillé et imprécis, 500 mètres après l'avoir quitté, nous sommes déja perdus, malgré l'image de la Vierge qu'il nous a confiée. Nous nous retrouvons dans une autre communauté où Soeur Camilla, d'abord un peu sur ses gardes (controle des passeports !), se met en quatre pour trouver un endroit où nous pourrions dormir. Téléphone sans fin. Finalement, c'est Dom Giuseppe qui vient nous chercher avec sa voiture pour on ne sait où. On quitte Soeur Camilla qui nous sert dans ses bras. Nous suivons la voiture du prètre à la lumière de ses warnings et de son anti-brouillard. Le convoi est rattrapé par une voiture de policiers. Amusés par le tandem (un peu), par Anne-Cé (beaucoup), mais beaucoup moins par nos lumieres faiblardes, ils prennent la suite du convoi avec les girophares (SVP). Le prètre est hilare, pas tant que nous ! Et devinez où ils nous emmènent ? A la Villa Della Speranza ! où nous sommes accueillis par... mais ca c'est une autre histoire.

Le soir mème, nous décidons d'un aller et retour express en France, pour l'enterrement d'un proche. Long voyage en train dès le lendemain, retrouvailles-éclair avec la famille. Etape la plus courte possible et c'est mieux comme ca. Retour à Ostuni, direction Brindisi à 30 kms de là, le ferry-boat pour la Grèce et une nouvelle nuit de voyage. 24 heures pour récupérer, 24 autres heures pour 
reprendre le rythme de la route. 

 LesChèvres.mpg 
Nouvelle vidéo galopante ...

La Grèce, nous n'y sommes que depuis deux jours, c'est bien peu mais on en a déjà vu deux visages bien différents. 

1- La plaine au sud ouest de Patra. Soleil, 28 degrés. La campagne est pauvre et sale. Après le changement de notre méthode de pédalage, un autre s'impose à nous. Notre carte de Grèce est à l'échelle 1/700 000. Son imprécision totale tant au niveau des routes que des villages nous oblige à une autre méthode de navigation. Il faut donc y aller un peu au relief, un peu au soleil, et un peu au feeling. Après le pilotage en douceur, nous voila dans la navigation pragmatique. On choisit notre village de destination, et on prend la route au grès du relief et des indications précieuses des bergers et de leurs troupeaux de chèvres, ou du Pope du coin. Notre route n'est sans doute jamais la plus courte, nous goutons aux pistes chaotiques et tortueuses, mais comme tous les chemins mènent à Rome, nous finissons toujours par retomber sur nos pieds (c'est mieux que sur la tète...). Anne-Cé, la copilote navigatrice y est aussi tout de mème pour beaucoup. 

2- Le lendemain, mème pays, mème région. Pluie, 10 degrés. Le relief se durcit, les pins verts clairs remplacent les oliviers torturés. La nuit fraiche à recouvert les sommets les plus hauts de neige !! On se frotte les yeux, on se les refrotte, on se pince, et on passe sur le petit plateau (ca monte raide). 
Au bout du bout de la route qui monte qui monte (oui oui, celle-la), nous arrivons à Koutsohera. Direction le bouiboui pour une pause déjeuner bien au chaud. Mais au bouiboui on y boit surtout ! "Quelque chose de chaud, qui réchauffe s'il vous plait" Nos hotes nous apportent deux verres de ouzo (le pastis grec), pur, sans eau. C'est sur, ca réchauffe, et après le second, nous n'avons plus froid du tout. Une vieille femme du village nous offre un bon pain tout chaud, sortant du four. Deux hommes installent le poele à bois qui va troner au milieu de la pièce pendant tout l'hiver. Lui aussi, il réchauffe.

Rassurez-vous, et nous aussi ca nous rassure, ce matin a Olympie, nous nous sommes réveilles sous un soleil radieux.

Dernier camping italien, tarif imbattable : 120 frs la nuit et sans eau ni électricite -STOP- Les chiens grecs sont nombreux, presque toujours attachés, agités et meme histériques en nous voyant -STOP- Après le capuccino, le café frappe grec, froid et très sucré -STOP- Des enfants grecs qui s'amusent nous ont peut-etre pris pour des jeunes mariés et on attaché derrière notre attelage une boite de conserve vide -STOP- Mollet Jean 34,5 cms, Anne Cé 31 !!! -STOP-


Croatie

J+63 : Dubrovnik, le 23 octobre :

"Nous vous avions quitté à Zadar, un peu dans le doute : la dure loi des séries... Aujourd'hui à Dubrovnik, vous nous retrouvez tout regonflés ! Mais que s'est-il donc passé ???

Nous avons longé la cote croate de Zadar à Dubrovnik. Elle est beaucoup plus touristique. Autant l'Istria est sauvage, autant la cote et ses iles doivent etre certainement bondées de touristes en été. Dans les villages chaque maison possède sa pancarte "Appartementi-Zimmer". Comme nous l'a expliqué un restaurateur de l'ile de Hvar, le métier des gens ici, c'est d'etre hote en été et de produire son vin et son huile d'olive le reste de l'année. Heureusement pour nous, en octobre, on est complètement hors saison. On peut facilement camper en sauvage, au bord de la mer ou dans la garrigue des montagnes (allez voir les photos, ce n'est pas cochon comme paysages). Et quoique l'on fasse, on ne dérange nulle part. Les croates sont des gens sincèrement et simplement accueillants. Ils sont heureux de recevoir dans leur pays, font beaucoup d'effort pour l'étranger. Ils vont meme jusqu'à essayer de parler en francais ! C'est dire !


Dubrovnik, suivez le guide

Nuit sous le préau de l'école de Rogoznica où l'on s'est incrusté sur les conseils d'une vieille femme du village. Le matin, le personnel arrive, les parents viennent déposer leurs enfants. Personne ne nous met a la porte. Sourires et regards compréhensifs. Finesse et discrétion.

Nous arrivons à Trsteno, un camping est indiqué, la barrière est ouverte, nous entrons et arrivons sur un terrain en escalier. Très bien entretenu, c'est un vrai jardin. Il n'y a plus personne, en dehors du propriétaire des lieux qui vient vers nous.
"Est ce que l'on peut passer la nuit ici ?" Et la, sa réponse vient résumer tout l'accueil croate vécu depuis 2 semaines : "Why not ?". Pourquoi pas, pourquoi non. Il n'y a pas de raison de refuser l'accueil. La saison est finie, le camping est presque fermé. Et puis alors, ca ne gène personne !
La rupture avec notre monde occidental parfois trop rigide et étroit, à notre grande surprise, s'est produite ici et non à Istanbul, comme nous l'avions pensé avant de partir.


Retour aux sources !

Nous voulions également vous parler de notre vision des évènements qui ont secoué le monde depuis un mois et demi. Beaucoup nous trouvent peut-etre fous de continuer, fous de toujours vouloir aller à Jérusalem. On a été tres marqué par les attentats de New York ayant été mis au courant par nos proches, quelques journaux, et internet. Nous n'avons pas été abreuvés par l'info à la seconde et nous ne sommes donc pas atteints par la psychose générale attisée par les feux du 20H. Nous avons vécu cette actualité avec plus de recul qu'à l'accoutumée. Plus que jamais, nous voulons aller à Jérusalem.
Il faut relativiser le danger que représentent notre itinéraire et notre destination finale : il n'y a pas d'état de guerre général, et en 4 mois, beaucoup de choses peuvent changer. Certains nous ont écrit "vos récits nous montrent qu'il y a partout des gens bons et gentils. On avait presque du mal a croire que ca existait encore". Si notre route peut prendre spontanément une autre dimension, celle de notre petit message de paix, tracé chaque jour au fil de la route, au fil des rencontres (our little piece of peace), pour tous ceux qui nous suivent et tous ceux que nous croisons, tant mieux !

Nous avons atteint Split et l'ile de Hvar en douceur, prudemment, et avec un matériel un peu défaillant. Les trois jours avec les parents d'Anne Cé, qui étaient prévus de longue date, sont tombés a pic. Nous avons récupéré du matériel neuf (pneus, chambres à air...) et avons révisé, rédressé, dévissé, revissé, démonté, remonté, graissé, réglé, nettoyé, poncé, regonflé, indexé,
limé notre tandem bien-aimé (non remboursé par la sécurite sociale, une honte). Les parents d'Anne Cé avaient aussi dans leurs valises un camembert au calvados bien fait et bien de chez nous (pas remboursé non plus... ), et une bonne vieille bouteille de vin rouge : ingrédients prescrits avec modération pour regonfler l'équipage.


Vue du camp de base !

Ils ont également emmené avec eux les conseils de Louis Arrange, compagnon d'Emmaus, qui a fait, il y a quelques années, le tour du monde des communautés Emmaus. Son projet nous avait fait réver à l'époque. C'était à nos yeux l'aventure totale et inaccessible. Il n'avait cassé qu'une seule fois sa
chaine, en s'excitant dans une montée. C'est la qu'il avait compris qu'il ne fallait pas forcer.
Depuis que nous sommes repartis, nous avons adopté une autre philosophie, la seule qui vaille. Nous utilisons un braquet systématiquement plus faible pour ne pas trop tirer ni sur le matos, ni sur l'organisme. En quelque sorte, nous sous-pédalons, c'est un pédalage beaucoup plus cool et finalement tout aussi efficace. Une autre dimension du voyage à vélo s'est ouverte a nous, voyager à
vélo, c'est plus que jamais vivre a vitesse humaine ! Notre chute nous a fait progresser : à la lumière de ces conseils, nous avons pu analyser sereinement nos problèmes techniques.

Voila maintenant, vous savez tout. Nous prenons la direction de la Grèce en passant par Bari et Brindisi, dovidenja !!


Adieu Croatie et merci

En octobre, les camping croates sont fermés mais ouverts -STOP- Le bleu, blanc, rouge sont les couleurs de la Yougoslavie que les croates ne portent pas toujours dans leur coeur. Alors quand il n'y a pas de vent, notre drapeau peut nous jouer de droles de tour "yougo ?" "ne, ne, francuski !" -STOP- En Croatie, on trouve plus facilement des cafés internet que des réparateurs de vélos -STOP- En Croatie, on ne trouve pas d'alcool à bruler. Dommage pour le réchaud à alcool -STOP- Huile d'olive, calamar, poivron et prosek (le vin doux du pays) - STOP

 LeCappucinoRendFou.mpg
Nouvelle vidéo !!

J+53 : Zadar, le 13 octobre

Après notre halte a Venise, Trieste marque notre sortie de l'Italie. Nous passons en Slovénie : un passage court mais mémorable. C'est dimanche, le bruit des cloches nous oriente vers l'église de Pobegi où nous assistons a la messe. Grande ferveur. Les gens disent des prières communes, à haute voix, avant le début de la messe. Chants en slovène avec guitare: très beau. Belle messe priante. ca fait du bien !
A la sortie, une femme nous parle en francais : "Priez pour pous la bas, notre peuple en a besoin".
Apres le déjeuner, nous reprenons la route, et quelle route ! Une pente a au moins 25%. On doit pousser l'attelage. C'est trop dur. Ils ne connaissent pas les virages ! Un mur à coté, c'est plat ! Ca monte tout le temps. On a l'impression de coller à la route. Pas de jambes et grosses souffrances. On passe la frontière croate par une petite route défoncée, sans nous en apercevoir. Paysages sauvages et arides absolument splendides. Quelle récompense !


Un calvaire Croate

A chaque changement de pays, il nous avait fallu 2 jours d'adaptation à la langue et a l'environnement. La pour la premiere fois, on s'est senti bien en quelques heures. On aborde la première partie de la Croatie par la région de l'Istria. L'istria, c'est magnifique, l'Istria c'est Captandem en difficultés, l'Istria terre de contrastes.
Nous traversons des paysages arides et pauvres mais tellement forts. Nous rencontrons Panji, un croate qui a vecu 6 ans en ermite "pour se trouver". Il a tout quitté pour se rendre compte que c'est en aidant les autres que l'on trouve le bonheur. Il s'occupe maintenant avec sa femme dans une ferme isolée d'une association qui aide les enfants croates et bosniaques qui ont souffert de la guerre. C'est une rencontre profonde et sincère qui nous a marques. Le relief est difficile, cassant, avec des cotes courtes mais terribles. 


Du tandem à l'ambulance !

Lundi dernier, une grosse chute nous coupe brutalement dans notre élan. En pleine descente, la chambre a air arrière éclate, freinage brutal, l'avant éclate a son tour et c'est la chute. Plus de peu que de mal mais des dégats sur le tandem (roue arrière voilée, axe arrière tordue, dérailleurs AR et AV en mauvais état, patte de fixation du dérailleur AR tordue, plus qu'une chambre à air utilisable) et quelques points de sutures pour Anne Cécile. Plus que jamais, nous réalisons que notre vie est une vie a trois : nous deux et notre tandem. Il faut réparer, remettre en route la machine et retrouver nos sensations. Nous devons reprendre confiance en lui et en nous. Cette chute a chamboulé notre vie de la route : lorsque l'on n'a plus aucun repère, ce type de problème devient un vrai gros obstacle. Comme on vit avec une autre échelle de temps, tout est plus long a digérer. Tous ces problèmes rendent encore plus forts, plus touchants, les sourires, les petits signes ou les plus grands.
Suite à cela, on a du changé nos plans. Les parents d'Anne Cécile nous attendent a Split dans 3 jours et a Rijeka, impossible de réparer le tandem. Direction Zadar, par la mer ! Jérusalem est encore loin, rien est acquis.
Maintenant place à la cote croate et à ses nombreuses iles magnifiques.


La cote Croate

STOP - "chiuso, chiuso" ne cherchez pas les camping italiens apres le 30 septembre, c'est "chiuso, chiuso" - STOP- Le samedi, en Italie, c'est siesto pour les reparatori de velo. Si, si,aperto (ca veut dire ouvert et non pas apero comme nous l'avons cru au debut), mais reparazione impossible... -STOP- Connaissez vous les bars à lait ? On y boit du lait ou des milkshakes au lait et on y mange des yaourts au lait et des glaces au lait. Tout pour la Lulu ! -STOP- le légume national en Croatie c'est le poivron -STOP- la voiture nationale en Croatie, c'est toujours la Skoda. Comment ca roule ca ?? -STOP- Nous n'avons plus de téléphone portable. 06 60 24 05 44 is kaputt. Merci Siemens. De retour la semaine prochaine -STOP-


Italie

J+42 : Venise, le 2 octobre

"Bravi !", "Forte !", "Madone !", "Bravissimo !", "Bellissimo !" Captandem à la quète de la Dolce Vita. L'Italie c'était pour nous le soleil, la mer bleue, les Gelati, les oliviers, la siesta, les petits vieux qui discutent sur la place du village... Après l'automne allemand et le dur relief suisse, à nous la douceur italienne.


Traversée des villes en Italie

"Basta ! Basta !" Faut pas rèver, captandem en Italie, c'est "brava". "Bravi !", "Forte !", "Madone !", "Bravissimo !", "Bellissimo !" Tout commence par un soir brumeux, pluvieux et triste. Il fait nuit. "Eh, Anne-Cé, on est où ?" "Presque au camping de Chiasso je pense."
"Et Chiasso, c'est au bord de l'eau ?"
"Bah non pourquoi ?" "Alors c'est quoi le lac là ?"
"J'en sais rien, on est peut etre à Come alors..."

Vidéo en pédalant: On s'y croirait
 ACquipedale.mpg

L'Italie ça commence comme çà et ce n'est que le début ! Sur la route, c'est la folie. Les camions nous collent, les voitures nous klaxonnent, flot ininterrompu de moteurs et de gaz d'échappement, meme sur les petites routes dites de campagne. On comprendra plus tard que c'était un peu du 
à la proximité de Milan.
On se rend compte assez vite que les encouragements, les grands gestes, les coups de klaxon sont le plus souvent destinés au tandem, la star, c'est lui !!! Plusieurs fois, dans beaucoup de villes traversées, on se fait arréter. Le tandem se fait prendre en photo avec, accessoirement nous à ses cotés. Notre drapeau français fait aussi fureur : "Viva la Francia !" "Allez les bleus !". Pas rancuniers ces italiens...


nous dans le cyber café, le tandem parade

Les italiens ne sont pas avares de gestes quand ils parlent. Tant mieux, ça nous permet de les comprendre. Mais ils ne sont pas non plus avares de conseils, de commentaires, de coups de main en tous genres et d'accueil.

- A Rovigo, 18h30, nous crevons. Ca ne nous arrange pas car nous voulions attraper la messe de 19h00 au village suivant. On détache les sacs rouges à l'arrière, on décroche la remorque. On commence à démonter le roue lorsqu'un premier italien apparait, puis un deuxième, puis un troisième... Le premier va chercher son tube de colle, ses rustines et son compresseur. Le deuxième tient le vélo et parle beaucoup. Le troisième a l'air d'etre le "pro" de la rustine et les autres commentent. Le fameux "pro" fait de son mieux, met beaucoup de colle, frappe à grands coups la chambre à air. Au premier gonflage, la rustine saute!...

- Meme village, meme soir, on s'installe dans le jardin du presbytère après avoir eu une visite guidée d'une heure de l'église par le curé (quelle générosité!). A 21h30, alors qu'on espère enfin pouvoir se préparer un bon diné, on demande de l'eau à notre hote avec notre jerrican percé. Il s'obstine pendant un long moment à nous expliquer comment le réparer. Ce qui nous en reste : "silicone", "caldo", "seco"... Les kms, la faim et la fatigue nous font partir dans un fou rire difficile à masquer.


Vérone

- Opeano, on cherche une boulangerie lorsqu'on entend crier derrière nous : "vive la Francia!". Un homme en vélo. Il nous rattrape et la discussion s'engage, ou plutot sa vie racontée dans un français approximatif entrecoupé de "bello" et "forte" quand il regarde le tandem. Il habite tout près dans le village et ses 6 frères vivent à Saint-Quentin. Il est tout fier de nous emmener à la supérette. "Regardez ce que j'ai trouvé, des français en vélo ! pia pia pia pia..." Tous adorables, les mamas viennent voir, nous félicitent parce qu'on est marié. Et, sans que l'on ait rien demandé, ils se mettent en quete d'un lieu susceptible d'accueillir notre tente. Téléphone du patron de la supérette au maire. Ce sera au Centro-Sportivo, à 100 m de là. On s'installe sur le gazon du jardin d'enfant.

-On croise Daniela sur son vélo avec son fils Edouardo. "Vous allez à Jérusalem, vous déjeunez ou ?" "..." "Venez à la maison, suivez-moi!". Accueil si simple et tellement chaleureux de Roberto et Daniela, 2 italiens qui revent d'un voyage en Bretagne et en Normandie.


Venise

Come, Verone, Ferrare, grandes villes traversées qui ont jalonné notre route en Italie. Malgré leurs accès difficiles par des axes encombrés et au-delà des richesses habituellement recherchées par les touristes, on a découvert des petites rues bien cachées, pleines de charmes, et des centres ville réservés aux piétons et aux vélos très étendus. Un vrai bonheur ! 

Venise, ville magnifique, romantique et pleine de charme. Dommage que ses habitants et ceux qui vivent du tourisme ne soient à la hauteur. Tout autant peu de sourires, de gentillesse et meme de politesse dans les magasins et les restaurants. Les hommes ne sont pas à la hauteur...
Venir à Venise, c'est fou. Venir en Italie en tandem, c'est fou. Mais circuler en  tandem à Venise, c'est complètement dingue !! On vous laisse imaginer le passage des ponts en escalier...


Venise : ses canaux, ses pigeons, ses amoureux, ses ponts ...

Merci pour tous vos messages et encouragements, çà nous booste ! Et surtout on tient à remercier notre web-master, Eric alias Rico qui fait un travail sensationnel sur le site.
A bientot dans les iles croates.

Soleil, on a enfin ressorti les sandales -STOP- attention aux auberges de jeunesse italienne : un étage garçon un étage fille, meme pour les couples mariés, çà a bien fait rire le gérant de l'auberge -STOP- depuis 3 semaines on carbure au thé froid à la peche et depuis peu au capuccino -STOP- désolés pour les photos, on a quelques problèmes de transmission -STOP- frein tambour déformé suite à la descente du col de San Bernardino, çà a trop chauffé -STOP- Triple crevaison de la roue arrière, et une paire de pneu une ! -STOP- Au moins un coup de klaxons sur 2 accompagné d'un baiser de la main envoyé par le beau conducteur italien à Anne-Cé -STOP-


Suisse

J+32: Lugano le 22 Sept (1729 Kms)
Après avoir quitté Konstanz, nous longeons les bords du Bodensee par le sud. Nous allons traverser toute la Suisse en empruntant un des sentiers balisés nationaux pour vélo. Et quel balisage ! C'est le must. Impossible de se perdre. La Suisse, c'est le pays de Heïdi. Comme on l'espérait, on a trouvé ses vaches, leurs cloches, ses montagnes, ses chalets, ses vertes prairies (la Normandie est enfoncée) et ses petits suisses...
Contrairement aux idées reçues, en Suisse, ça ne monte pas tout le temps. Nous avons roulé 2 jours en remontant la vallée du Rhin. Plat, plat, plat. Bon, après, ça c'est gâté parce qu'il fallait bien passer les Alpes pour rejoindre l'Italie.


La vallée du Rhin

Extrait tiré de notre livre de bord du 20 septembre. Au réveil, mélange d'excitation et de crainte. Le passage du col de San Bernardino, cela signifie le passage des Alpes et la porte grande ouverte sur la plaine du Po. 
Programme de la journée: 15 kms difficiles pour atteindre Splügen (alt 1457 m), 13 kms roulants, et 8 kms de montée finale jusqu'au col (alt 2065 m). On prend un gros petit déj et on décolle vers 10h30. A la sortie du village on attaque direct la grimpette, raide, dure. Ca monte jusqu'à un lac de retenue de barrage, pendant 1h30... 
Il y a un pourcentage de pente (combien?) avec lequel on trouve bien notre rythme. Mais quand la pente augmente trop, c'est un peu à l'arrache, d'autant plus que le petit plateau ne passe ésespérément pas, malgré les tentatives de réglage. En général, à l'attaque de la montée, c'est la grosse souffrance, et petit à petit le second souffle vient.
Déjeuner à Splügen et café chaud. Le vent souffle par rafales, glacial, et de face.

La montée en vidéo !!
 Montéeducol.mpg

Les kms menant au bas du col sont comme prévu un peu plus plats. Au loin, on aperçoit l'autoroute qui entre dans la montagne et disparait. On devine les lacets à flan de montagne qui disparaissent dans les nuages. Il fait 8 degrés. Je bénis le ciel de nous avoir fait choisir le tandem et non 2 vélos. On se soutient et on se motive d'une façon impressionnante. Quand je faiblis, Anne-Cé relance, me relance par la même occasion, et réciproquement. Même si on est bien seul dans la souffrance de l'effort, on lutte ensemble face à la pente. On arrive au bout des lacets. Neige sur les bas cotés, on entre dans les nuages. On est sur la montagne mais pas au sommet comme on l'avait cru. Plus de neige, plus de vent, plus de froid. Quelques voitures passent, elles nous saluent et nous encouragent. Le vent, toujours le vent. Le paysage est presque lunaire avec le brouillard. Et tout à coup, une ombre se dessine au loin, une grande batisse fermée, une pancarte : San Bernardino 2065 m. 
Là-haut, il fait froid, 2 degrés, on commence par se couvrir. On ne sait plus trop où l'on est...


L'arrivée au col de San Bernardino ... enfin

18 septembre, 1er jour de soleil depuis Epinal -STOP- En Suisse les cloches des vaches ne sont pas les mêmes que celles des chèvres -STOP- Un nouveau pays traversé: le Lichtenstein, paradis fiscal, énorme ! -STOP- 10 minutes, le temps passé par la vieille gérante du camping de Kreuzigen à décortiquer notre carte d'identité -STOP- Descente du col de san bernardino : 30 kms sans un tour de pédale, jantes brûlantes et frein tambour en fusion -STOP-


Allemagne

J+25: Konstanz, au bord du Bodensee (première étendue d'eau depuis DIEPPE), le 14 septembre.
Nous avons passé 4 jours à Pforzheim. L'accueil de la famille Saeger a été sensationnel, comme les allemands savent le faire. Ce séjour vécu dans le "luxe" et l'abondance" (par rapport à notre vie de cyclo), avec joie, nous a révélé que notre vie de nomades en tandem, nous l'aimons et nous sommes profondément heureux de la vivre.


 Viel Dank Saeger Famile
Ici tout est fait pour le vélo :
- beaucoup d'aménagements urbains : contre sens cyclables, voies partagées (trottoirs pour piétons et vélos), pistes cyclables et surtout panneaux de signalisation pour les vélos.
- la plupart des routes, en dehors des villes, sont accompagnées d'une voie bien séparée utilisable pour les cyclistes.
- les régions sont sillonnées de parcours cyclistes fléchés utilisant des petits chemins et des routes pittoresques.
Les vidéos de la semaine !!
 1ereChute.mpgPtiDejAllemand.mpg

La semaine a été riche en rencontres.

HJALMAR, un allemand en voyage à vélo, chargé comme il se doit. 
Croisé sur les chemins mardi matin, nous l'avons retrouvé le lendemain soir et avons partagé notre diner. Il nous a offert du vin rouge allemand et nous a raconté ses voyages en vélo en Corse, en Nouvelle-Zélande et son projet de voyage en Islande.

UNE FEMME, 60 ans, patronne d'un gite rural, qui court plus vite que le tandem.
Perdus dans la forêt des Schwäbische Alpen, elle a commencé à nous expliquer la route jusqu'au prochain village. Voyant qu'à l'évidence nous n'y comprenions rien, elle nous dit : "Kommen Sie mit !" (venez avec moi) et on la vit partir au petit trot dans le chemin. Elle nous précéda jusqu'au village quelques kilomètres plus loin. Elle nous dit en nous quittant : " si vous vous perdez encore, faites demi tour et venez dormir chez moi, et demain nous irons ensemble jusqu'à Jerusalem". La gentillesse et la santé à l'état pur.


GIUSEPPE, le vieil italien dragueur.
Assis sous un abri bus, Giuseppe a le mal du pays et veut nous apprendre l'italien. Nous apprenons les couleurs de notre drapeau, le chaud, le froid... Nous partageons avec lui notre tablette de chocolat puis avant de le quitter il nous lance : "Quand vous rentrerez à la maison, vous
pourrez dire : J'ai rencontré Guiseppe, 73 ans, de Sicile".

Dis Jean, j'ai besoin d'aventure, emmène moi !!

En 10 jours d'Allemagne, nous avons englouti quelques 120 Brötchen, Bretzel et autres petits pains -STOP- Attention aux Radweg (chemins pour vélo) fléchés, ils ne le sont qu'approximativement. Nous nous sommes perdus plus d'une fois -STOP- Première chute à la suite d'une explosion de chambre à air -STOP- sans gravité -STOP- Parcours du combattant dans la Forêt Noire, il y a chemin de randonnée cycliste et chemin de randonnée pédestre (notre devise "on ne recule jamais" ... ), nous avons confondu et on a fait le Camel Trophy -STOP- Il pleut, il pleut, il pleut -STOP- Invasion des limaces : une noyée dans la gamelle, deux enlacées sous le auvent de la tente, une autre a bavé sur nos vestes -STOP- Tour de mollets sous contrôle d'huissier : AC = 30,5 cms , Jean = 32,5 cms -STOP-


Captandem, le fameux Gamelle Trophy sur les chemins  allemands !!

A nous la Suisse, ses vaches et ses montagnes, un col à 2000 m nous attend. On vous racontera !
 

J+18 Pforzheim, le 7 septembre :

On aime le changement !!!

Changement de pays.
Ca y est, nous avons quitté la France : adios und guten tag Deutschland !
Le voyage prend maintenant pour nous une autre dimension. Il faut dépasser la barrière linguistique et prendre de nouveaux repères. Pour l’Allemagne, c’est plutôt facile grace aux Saeger, la famille d’Anne Cé en Allemagne où nous sommes pour quelques jours.

La première frontière
Changement de mois, changement de temps.
Depuis Epinal, il pleut ! La température est bien plus basse. On a sorti les chaussures, les vestes de pluie et même les polaires. On a expérimenté les cuisines-diners sous la tente : avec un peu d’organisation et en étant bien méticuleux, c’est possible grace à l’avancée de notre double toit.

Changement de relief.
Nous avons traversé les Vosges par le Nord où le relief est un peu atténué. Col de la Chipotte (458 m), col du Donon (727 m), très raide celui là.
On y trouve quand même un vrai paysage de montagne avec ses sapins, sa fraicheur, ses chalets, et ses routes en lacets. C’est un excellent test pour nos mollets : résultat positif, la recette 200 kms en 2 jours suivis d’une journée de repos a produit son effet.
Après la plaine du Rhin, plate comme beaucoup de plaines, nous avons rejoint la forêt noire.

Le Rhin

France

La France nous laisse pour 6 mois un bon souvenir grace au bon accueil de la famille Frison (merci à Dominique et à tous les siens) à Seebach.

Seebach
En Alsace, on aime le vélo. Lundi dernier, en 1 heure de pause déjeuner, devant l’église de Hoerdt, on a vu défiler la moitié du village à vélo avec l’arrosoir, le rateau, le motoculteur, le seau : direction le potager.
En Alsace, on aime l’estomac de porc farci. On l’a gouté pour vous et c’est vraiment excellent.
En Alsace, on aime ses racines et on en est fier : on parle l’alsacien avant le francais. ‘‘Ici les gens sont sympas car ils n‘ ont pas oublié d´où ils venaient : de la terre‘‘ dixit Stéphane Frison.
L’accueil de cette famille alsacienne nous a beaucoup touché, simple et chaleureux. Les alsaciens, sous leur côté un peu froid, sont d’une profonde gentillesse. C’est bien de quitter la France sur cette impression très positive d’avoir croisé des gens qui nous ont ouvert leur maison avec une grande générosité, sans compter leur temps et leurs attentions. Quelle lecon !! Contraste saisissant avec les quelques fois où nous nous sommes sentis étrangers. C’est difficile d’être ignoré ou approché seulement du bout des lèvres.
"Salut, bon courache !!“ Nous tournons maintenant le dos à notre pays. L´aventure va continuer différemment, plus forte encore. Cette soif qui nous excite domine bien largement la nostalgie de quitter notre terre.

HISTOIRE D’UNE JOURNEE CAPTANDEM EN FRANCE

9h00 : Lever et petit déjeuner (dans la tente s’il pleut) avec une boisson chaude : du thé.
Dimanche á Mölsheim, jour du pain frais, Jean toujours prêt part faire la chasse á la baguette. Il se perd et revient 1 heure 30 aprés. Anne-Cé a tout rangé et ce n‘est plus l’heure du petit déj.

9h30 : Rangement du bivouac. On laisse la tente sécher le plus longtemps possible. Rangement bien méticuleux des 2 sacoches avant à équilibrer au gramme prêt ! Le sac jaune est bouclé en dernier car nous y mettons les affaires perso. Nous  rajoutons par dessus le panneau solaire fixé avec des sandos.

11h00 : Décollage après avoir rempli nos gourdes. Anne-Cé est à la carte, Jean au guidon.

13h00 : Déjeuner (pain, pâté, fromage). Condition: qu’un de nous 2 ait pensé à s’arrêter avant la fermeture des magasins. Puis chacun vaque à ses occupations : sieste, bricolage, lecture, préparation du parcours.

15h00 : Redécollage. Pauses de temps en temps suivant les lieux traversés: visite d’une scierie à l’eau, arrêt pisciculture... et discussions avec les autochtones sur le bord de la route. 
Dans un village des Vosges, le boulanger se confie à AC, il lui raconte sa vie professionnelle et personnelle. Il nous envie. Jean pendant ce temps, se fait entretenir par le sage du village sur les dégâts des renards et des hérons et sur la meilleure route à prendre.

- AC donne la direction, fait tourner l’attelage d’un coup de rein, pédale beaucoup, sue un peu, salue tous les passants, et est photographe voltigeuse à ses heures.
- Jean : tourne le guidon, passe les vitesses, freine, pédale un peu, sue comme un boeuf, a des fringales, met la musique.

19h30 : Nous cherchons un lieu de bivouac, soit nous frappons chez l’habitant qui nous offre un bout de son jardin, soit nous dormons chez des amis, soit nous nous rabattons sur le camping.
Depuis notre départ : chez l’habitant : 5 nuits, à l’hotel : 1 nuit, à la belle étoile : 1 nuit, sous la tente : 10 nuitées.
Le montage du bivouac est organisé et rapide. Chacun sait ce qu’il a à faire, et surtout, on a la dalle!
1-la tente est montée en 5 minutes
2-le diner chauffe tout seul sur notre réchaud à alcool
3-douche ou toilette (bassine en toile, eau froide, savon de marseille) obligatoire pour passer une bonne nuitée.
4-grossebouffe : soupe, et au choix 300 gr de riz, ou 400 gr de pâtes, ou 500 gr de patates, lardons ou autre viande, laitage, fromage, fruits.
L’appétit est tel que l’on en devient quelques fois maladroit. Demandez ce qu’elle en pense à la magnifique assiette de tartiflette de Jean qui finit retournée dans les cendres (l’assiette).

21h30 : Chacun vaque à son aise : lecture autour du feu si on a pu en allumer un, écriture du livre de bord, courrier, tenue des comptes, petite aubade à l’harmonica de Jean pour sa Belle, le tout arrosé d’un petit pisse-mémé.

RIDEAU


J+10 le 30/08: Epinal
Epinal, Epinal, journée de repos, çà tombe bien il pleut et nos 2 dernières journées nous ont bien musclé les jambes. Déjà 10 jours de route, que du soleil et 694 kms au compteur. On s'était pourtant promis de commencer tranquillou en France. Depuis samedi dernier nous avons traversé la Champagne, ses coteaux, ses vignes et ses canaux, et les Vosges le pays du bois.
Nos relations avec les autochtones ont réellement changé depuis l'installation de 2 pancartes "DIEPPE JERUSALEM" à l'avant et à l'arrière de l'attelage. Les grand-mères nous applaudissent dans les villages, les jeunes viennent nous voir spontanément et les moins jeunes nous donnent mille conseils. "Bah ma foâ, bon courââge" comme dirait un vosgien des Vosges.

Le canal de la Marne c’est plat comme…              Chaine cassée, épisode n°5

La fin du week-end dernier a été agitée. Recette pour tester l'équipage:
1 - Prenez un canal. Semez votre journal de bord et tous vos papiers sur le chemin de hallage. Refaites le chemin en sens inverse (Epernay-Chalons, Chalons-Epernay-Chalons, hips hips!!) sans le retrouver. Laissez reposer à la belle étoile toute la nuit et repartez le lendemain bien vert.
2 - Prenez une chaîne de tandem fatiguée et un mauvais dérive chaîne. La chaîne se casse, vous la réparez. Répétez l'opération 5 fois. A la 5eme fois rachetez une chaîne et un nouveau dérive chaîne( un TACX pour les initiés).
3 - Prenez un Jean bien sale, une fourmis rouge, une araignée et un moustique, parsemez-le de piqûres pour qu'il se gratte toute la nuit. 
Ainsi vous obtiendrez un équipage plus motivé que jamais !!!

Merci à Josette Bierri qui a pu nous renvoyer notre livre de bord à Epinal: nous lui en sommes ô combien reconnaissants.
Merci à Agnès, Jean-Baptiste et à leurs 4 filles de nous avoir accueillis si spontanément dimanche pour le déjeuner.
Enfin un petit conseil : allez vous promener dans le département des Vosges, c'est beau et les gens sont super accueillants.

Les Vosges, c'est fort             Les Vosges, c'est grand

J+ 4 : Rugny 
"Voilà maintenant 5 jours que nous sillonons les routes de France : notre rythme de vie s'installe en douceur. Le compteur affiche 306 kms. C'est déjà pas mal !
Il fait chaud chaud chaud, mais ce n'est pas un scoop, vous devez le savoir.
Notre attelage attire les regards. La pause déjeuner aujourd'hui à Villers Cotteret a été animée; Visite d'un jeune un peu louche et collant, d'un éducateur sportif et d'un ancien légionnaire. On a eu droit à toutes les remarques pertinentes ou non. Ca va du "vous êtes armés ?" au "vous vous êtes beaucoup entrainés ?". Aujourd'hui, c'était Captandem reçoit dans les jardins publics de Villers Cotteret !!


Rencontres à Villers Cotterêt              Bivouac J+3 : déjà le luxe

Un côté très positif : le comportement des voitures sur les routes est très respectueux du code de la route et de nous. Elles se dégagent très largement pour nous doubler. Pour l'instant, aucun serrage intempestif à déplorer. Merci au drapeau orange de Julchen, à l'écarteur de danger et au sac fluo. Mais bon, s'il faut trainer 60 kg de matériel pour se faire respecter...
En revanche, triste constat : dans tous les petits villages de France, les églises lieux de repos du pèlerin, sont désespérément fermées, ce qui fait perdre un peu de leur âme à nos campagnes.
Sur le plan technique, seul le panneau solaire nous donne quelques soucis. Nous sommes pour l'instant sans téléphone portable.
Merci pour les messages reçus sur le portable et sur le net et pour les gens qui nous accueillent sur la route."

J+2 : Gournay-Etouy (près de Clermont) 52kms
"Difficile de trouver un cybercafé et encore plus de trouver un endroit sûr pour abandonner le tandem. Les trois premiers jours se sont bien déroulés. Soleil, chaleur, pas trop de vent. Physiquement, pas de problème. Moralement, il nous faut entamer notre cheminement, notre quête, changer de vie, quitter notre carapace. Depuis ce matin nous sommes seuls face à la route. Matthieu et Thomas, nos derniers suiveurs nous ont laissés, retournant vers Dieppe. Derniers adieux... Nous rencontrerons encore des amis ou des proches dans les semaines à venir. Mais les autres rencontres, avec les inconnus, celles que l'on n'attend pas seront tout autant riches. Nous en sommes convaincus, nous l'espérons. On ne veut pas trop vous reparler du départ, la page est tournée
(presque...). Ces instants d'euphorie, d'émotion rude et de partage avec tous, avec les jeunes de l'ADDLE, nous suivront tout au long de la route, dans nos coeurs.
Merci encore à tous de nous avoir porté pendant ces quelques heures.
Direction la Champagne (gloups) et l'Alsace (Glips) !
Boujou bien (c'est du dieppois pour les non initiés)"

La belle campagne française !!
Que c'est beau la campagne normande!

J+1 ( Isneauville- Gournay : 60 kms )
Merci à tous pour votre chaleur et votre soutien hier.
La première journée s'est bien passée. Nous avons juste plié la béquille du vélo, trop légère.... donc rien de grave. Le moral est bon, nous vous transmettrons plus de nouvelles dans quelques jours.

1er coups de pédales sous la chaleur normande ...

Jour J ( Dieppe-Isneauville: 74 kms) : 
Merci d'avoir été aussi nombreux à nous encourager ou présents lors du départ à Dieppe. Merci aux nombreux cyclistes et au groupe de l'ADDLE qui nous ont suivi en vélo quelques kms.



Avant
J-14 : les dernières impressions avant le grand saut :
On sent le souffle, celui du départ, celui de l’inconnu. Tantôt vent de face qui nous ralentit, celui de la peur de ne pas être prêt, de l’inquiétude de voir si proche ce jour tant attendu. Tantôt vent arrière qui nous pousse et nous porte, celui de la chaleur des messages reçus, des sensations ressenties pendant les sorties sur le tandem.
Les journées filent à deux cents à l’heure occupées par les mille et une choses à faire en tous genres : vaccins, dentiste, mise à jour du site, invitations pour le jour J…
Mais paradoxalement on a l’impression de mariner comme des harengs dieppois dans leur bocal qui inconsciemment n’attendent qu’une chose : la liberté du départ et de la route.

Au cours du voyage, vous pouvez suivre dans cette rubrique tout le récit de notre périple jusqu'à Jérusalem. 

(:-O Facile le tandem !!

Nous allons donc régulièrement (à chaque Webb@r ou Cyber C@fé croisé sur notre route !) actualiser ce récit afin que vous puissiez voyager avec nous et partager nos anecdotes et rencontres tout au long de notre chemin.

A bientôt ...

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